C’est un discours poignant et courageux sur lequel tous les invités à cette 2ème édition de la Rentrée Syndicale du Syntra-Justice se sont accordés. Lorsqu‘il s’est agi pour lui de développer le thème « Réforme à l’ère de la Rupture : Quels impacts dans le secteur de la Justice » de cette rentrée syndicale, le Sg Syntra-Justice Cakpo Béssé n’a pas marché sur les mots avant de présenter un diagnostic piteux, symptomatique d’une démocratie rudement éprouvée.
Face au griefs du Secrétaire général du Syntra-Justice, l’assistance et les invités d’honneurs Marc Robert Dadaglo, président de l’Unamab, le Bâtonnier Yvon Détchénou , l’ancien Sg Csa-Bénin Dieudonné Lokossou, Kassa Mampo , Sg Cgtb et même le représentant du ministre de la Justice, Karel Dogué sont restés médusés et dépités.
Pour le Sg Syntra-Justice Cakpo Béssé, qui a d’abord rendu hommage au vaillant regretté Gaston Azoua, ancien secrétaire général de la CSTB, le Bénin traverse une période singulière de l’histoire du syndicalisme.
« Cette rentrée intervient à un moment critique de l’existence de notre organisation syndicale. Il était une fois, nous avons rêvé de voir les conditions de travail s’améliorer. Des luttes avaient été engagées pour espérer des victoires certaines. Depuis 2016, nous avons enregistré la pire des défaites dans l’histoire du syndicalisme béninois…Nous avons enregistré des défaites, non pas face à un ennemi mais face à un partenaire. Un partenaire qui a déployé les moyens les plus rustres contre un peuple travailleur sans arme. La preuve est qu’on nous a plaqué des lois scélérates, liberticides et des plus dangereuses », a fait remarquer le Sg Syntra-Justice.
« Les réformes de la Rupture ont élu domicile dans le secteur judiciaire »
Parlant de ces lois scélérates et liberticides,le Sg Cakpo Béssé a fait notamment allusion au retrait du droit de grève aux agents de la justice et à certains corps de l’administration, aux licenciements abusifs et à la création de la Criet, cette Cour spéciale qui suscite actuellement polémiques dans le pays
« Ainsi, que l’exercice de droit de grève soit limité à 10 jours par an, est injuste ; qu’une loi encourage les licenciements abusifs au bénin, est anti social; que la création de la CRIET soit incomprise non seulement du peuple mais aussi par des acteurs de la justice, ce n’est pas professionnel ; que nos statuts particuliers ne soient pas adoptés malgré les défalcations de nos maigres salaires, les intimidations et les débauchages subis par nos organisations syndicales, c’est inquiétant ; que la prise des lois scélérates, perfides et liberticides permet à certains cadres de procéder à des règlements de comptes, c’est de la jalousie ; que la prise des lois scélérates, perfides et liberticides autorise certains cadres à procéder à des mutations punitives, ce n’est pas responsable ; …. », a dénoncé le Sg Syntra-Justice qui pense que la justice à l’heure des réformes, est dangereusement mise en mal et que rien ne va dans le sens de l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents. Au sujet de la satisfaction des légitimes revendications des travailleurs désormais sans voix et sans défense,Cakpo Béssé pense que le gouvernement use des manœuvres dilatoires.
» … Les réformes de la Rupture ont élu domicile dans le secteur judiciaire. Mais le jeuen vaut-il la chandelle ? À la vérité, non. Non parce que l’idée tendant à faire croire à la nécessité de « faire des économies », ne résiste pas à l’analyse. Quiconque connaît un tant soit peu le fonctionnement du service public constate aisément qu’il ne s’agit pas de faire des économies, mais bel et bien de réduire le personnel à la servitude… », souligne le Sg Cakpo Béssé qui ajoute
« Depuis l’audience à nous accordée par le Chef de l’Etat le 02 novembre 2017, nous notons qu’aucune des promesses n’a été tenue à ce jour. Nous allons de dilatoire à l’enlisement du fait de manque de la sincérité dans les relations entre gouvernement et partenaires sociaux. Une telle situation est un crève-cœur non seulement pour nous les travailleurs mais aussi pour les usagers de la justice qui croient à une justice crédible et accessible »
Le procès contre les secrétaires généraux confédéraux
Le Sg Syntra-Justice s’en est surtout pris dans son exposé à certains secrétaires généraux de confédérations syndicales qu’il pense,ont abandonné les travailleurs pour le jeu du pouvoir.
» Face au mépris du pouvoir vis-à-vis de nos formations syndicales, certains secrétaires généraux de Centrales ou Confédérations s’accommodent aux réformes qu’ils trouvent salutaires. À ce titre, ils vont même à la compromission. Il est donc inadmissible que des centrales et confédération qui estiment défendre les travailleurs participent régulièrement à des négociations centrales et confédération alors même qu’on leur déni toutes grèves. Ces centrales et confédération divisionnistes à l’opposé de l’UNSTB, de la CSTB de l’UNAMAB, du SYNTRAJAB de l’UNOGEC BENIN et du SYNTRA-JUSTICE n’ont plus droit de cité. », a martelé le Sg Syntra-Justice qui invite les travailleurs à prendre leur destin en main en resserrant les rangs pour faire face au pouvoir.
« Il nous faudra nous armer de confiance et de courage car des luttes nous attendent. Nous sommes donc invités à nous préparer à de plus grandes luttes », lance Cakpo Béssé avant d’inviter le pouvoir à revoir son mode de gouvernance.
« Il urge pour ce pouvoir d’opérer un nouveau choix de gouvernance, celui de l’équité, du partage et de la solidarité »
BRIEUX NOURENI