L’ancien député du Bloc Républicain, Rachidi Gbadamassi s’est prononcé lundi dernier sur la Radio Azèkè FM de Parakou sur la crise diplomatico-économique qui prévaut depuis quelques mois entre le Bénin et le Niger et qui s’est surtout envenimée ces derniers jours avec la suspension par le Bénin de l’acheminement par ses eaux maritimes du brut nigérien. Face aux journalistes, le leader BR de la 8ème Circonscription Electorale a fait parler sa fibre patriotique en soutenant la décision du président béninois Patrice Talon, avant de recadrer la junte militaire nigérienne, sutout le Premier Ministre Ali Lamine Zeine qui dans une réplique, s’est attaqué au Bénin. Partant des origines de la guéguerre entre Cotonou et Niamey qui il faut le rappeler, sont parties de la décision de CEDEAO de fermer ses frontières avec le Niger après le coup d’État du 26 juillet 2023, l’invité de Azèkè FM pense que le Président Patrice Talon n’a absolument rien à se reprocher car selon lui, c’est l’esprit communautaire qui l’anime qui l’a conduit à faire respecter la décision de l’organisation sous-régionale. Sur l’épineuse question de l’hypothétique présence d’une base militaire française dans le nord Bénin, l’ex-député Rachidi Gbadamassi a apporté un démenti formel avant de rassurer que le Bénin n’a aucun problème avec le peuple du Niger. Selon lui, c’est la junte au pouvoir qui est à la base de l’envenimement de la situation, car ajoute t-il, « en manque de vision », elle s’oppose à tout dialogue.
Au nom des liens historiques de fraternité entre le Bénin et le Niger, Rachidi Gbadamassi garde toujours espoir quant à la possibilité d’un dénouement de la crise.
« la balle est dans le camp des putschistes. Ils doivent ouvrir les frontières terrestres pour permettre des échanges formels », a martelé l’invité de Azèkè FM.
[Quelques séquences de l’intervention de l’ex-député Rachidi Gbadamassi sur Azèkè FM]
En réplique aux attaques du Premier Ministre nigérien Ali Lamine Zeine contre le Bénin
« En toute humilité, c’est une réaction pathétique, inélégant, suspecte qui traduit un manque de respect à la fois pour le peuple béninois souverain, mais aussi pour le pacifique du Niger que ces militaires au pouvoir prétendent dirigé. Si aujourd’hui les autorités nigériennes en sont arrivés à dialoguer avec les autorités béninoises démocratiquement établies, par le biais des médias, c’est parce que du côté nigérien, la porte est fermée à toute négociation, toute concentration, toute discussion et tout échange formel. C’est pour cela que dans une précédente discussion, j’ai dénoncé la malhonnêteté d’un ancien officiel béninois qui condamne son pays et appelle à la concertation et je lui ai posé la question de savoir, une concertation dans quel sens ? Ceux avec qui il faut se concerter préfèrent une concertation par presse, évitent tout contact physique tout simplement parce qu’ils sont dans une logique. C’est le déploiement d’une stratégie de légitimation de leur pouvoir et ceci, en utilisant maladroitement leur position géographique avec le Bénin et en suivant les récriminations du peuple nigérien contre la France. Ils sont convaincus qu’en distillant des mensonges d’État sur une hypothétique existence d’une base militaire de la France chez le voisin béninois, ils réussiront à emporter l’adhésion populaire du peuple nigérien »
« Le Bénin est un État souverain. Nous sommes libre de coopérer avec qui nous voulons »
« Ils ont des problèmes avec la France. Ce n’est pas la France qui dirige le Bénin. Autant le Bénin n’est pas un département Français. Le Bénin est un pays souverain, autant il n’est pas un département du Niger. Nous sommes un État souverain et un peuple digne, pacifique et respectueux du voisin. Nous sommes libre de coopérer avec qui nous voulons , en fonction de nos intérêts. C’est l’intérêt qui guide le monde. Les français l’ont dit. La France n’a pas d’ami, la France n’a que des intérêts. Les ennemis désignés à l’international par les putschistes militaires au pouvoir au Niger ne sont pas forcément les ennemis du bas peuple nigérien, encore moins du Bénin. Ils sont dans une déperdition stratégique »
« Il n’existe pas de base militaire française au Bénin »
« Le Bénin n’a aucun problème avec le Niger. Il n’a n’ont plus aucune intention, ni aucun plan d’attaque contre le territoire du Niger. Notre peuple ne veut que la paix, rien que la paix avec le Niger. La sécurité du Niger, c’est la sécurité du Bénin et vice-versa. Si l’un des deux pays menace la sécurité de l’autre, c’est sa propre sécurité qui est menacée… Avant le coup d’État, il n’existe pas de base militaire française au Bénin, ni officielle, ni secrète. C’est ce qu’on appelle fake news distillée au sein de l’opinion nigérienne par les militaires en quête de légitimation de leur pouvoir. Donc leur fond de commerce politique pour embrouiller la population, c’est de dire qu’il y a des bases militaire au Bénin parce qu’ils n’ont pas de vision, ni de programme. Ils sont surpris. »
« La junte militaire au pouvoir au Niger ne peut pas en réalité en vouloir au Bénin »
« Le Chef de l’Etat, le président Patrice Talon est un homme d’Etat responsable, respecté et respectable et avec un sens aigu de l’esprit communautaire. J’ai bien dit esprit communautaire et non esprit communautariste. C’est cet esprit communautaire qui l’a amené à décider contre les intérêts du Bénin, du respect de la résolution de la CEDEAO sanctionnant le Niger suite au coup d’État du 26 juillet 2023 qui a installé les militaires au pourvoir. La junte militaire au pouvoir ne peut pas en réalité en vouloir au Bénin pour s’être conformé à une décision communautaire à savoir, celle de notre organisation sous-régionale. »
« Le Bénin reste le pays frère et ami du Niger »
« Entre les peuples du Niger et du Bénin, les liens sont multi-circulaires et rien ne peut défaire de tels liens soudés par la sociologie et l’histoire. Il a toujours existé au sommet de ces deux pays d’excellentes relations d’amitié, de fraternité, de solidarité et de coopération. Aujourd’hui malgré les tourbillons et les turbulences liées au changement de régime, le Bénin reste le pays frère et ami du Niger. Que ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui qui savent très bien que la coopération bilatérale fondée sur le respect mutuel entre le Bénin et la France, date de l’époque des indépendances, et d’ailleurs, c’est le cas aussi entre le Niger et la France. »
« C’est plutôt les militaires au pourvoir au Niger qui violent les accords qui régissent le pipeline »
« Le 1er ministre nigérien, Ali Lamine Zen est un homme de bonne foi manipulé par les militaires et c’est dommage souvent pour les intellectuels. Je ne pense pas qu’il ait pris tout son temps pour lire tous les accords du contrat avant d’en faire une interprétation sélective. Vous savez, la CEDEAO a fermé ses frontières avec le Niger. Le Bénin s’est plié à la décision de la CEDEAO car signataire du traité fondateur de la CEDEAO et partie prenante à tous ses protocoles sur la démocratie et la paix. La CEDEAO a ordonné la réouverture des frontières avec le Niger après la levée des sanctions grâce au plaidoyer du Président Patrice Talon. Le Bénin s’est à nouveau conformé. Le Niger a gardé ses frontières fermées. C’est plutôt les militaires au pourvoir qui violent les accords qui régissent le pipeline. La décision prise par le Bénin est tout simplement logique. Elle n’est pas une décision définitive. Elle sera rapportée dès que les militaires au pouvoir au pouvoir au Niger vont décider enfin d’ouvrir les frontières. »
« la balle est dans le camp des putschistes. Ils doivent ouvrir les frontières terrestres pour permettre des échanges formels »
« Comme l’a dit le président Talon, le Bénin est prêt à laisser se poursuivre l’embarquement du pétrole nigérien par nos moyens maritimes si les autorités nigériennes ouvrent enfin les frontières terrestres pour permettre des échanges formels. Ce n’est pas parce qu’on est arrivé au pouvoir par les armes qu’il faut asseoir les échanges commerciaux , économiques avec les voisins sur les contrebandes et l’informel qui sont sources d’insécurité pour les deux pays. Donc, je pense qu’en réalité, la balle est dans le camp des putschistes. »
De la réaction du parti Les Démocrates qui dénonce une approche conflictuelle entretenue par le président Patrice Talon dans le dossier
« J’ai écouté nos amis Les Démocrates. J’accueille cette réaction anti-patriotique avec beaucoup de peine et de dégoût, mais en réalité, je n’en suis point surpris. Ce parti dit « Les Démocrates » n’a jamais su faire la part des choses entre la défense des intérêts du peuple et leur agenda politique pour 2026. Quand on parle des intérêts du peuple béninois, il ne s’agit pas uniquement des intérêts économiques. Il s’agit surtout et primordialement de la dignité du peuple béninois. Ce parti ne sait pas ce que vaut la dignité d’un peuple souverain. C’est regrettable qu’un parti dirigé par un ancien Chef d’État en arrive à ce niveau de bassesse, de déficit de discernement et de perte de lucidité et de logique. Si les responsables de ce parti pensent régler des comptes politiques à Patrice Talon en ayant une réaction aussi vulgaire et insensée, c’est qu’ils se trompent de combat. Vous avez vu le président de la République rappeler à l’opinion publique le nombre de fois qu’il a envoyé les émissaires au Niger et les militaires au pouvoir se sont montrés indisponibles pour toute sorte de consultation alors que le Bénin n’a commis aucun péché. Le péché d’Israël, c’est de respecter les décisions de la CEDEAO….. La réalité, c’est que les autorités actuelles du Niger veulent du Bénin sans vouloir dialoguer avec le Bénin. Elles veulent d’une choses et son contraire. Elles veulent profiter du Bénin tout en nous manquant de respect. Seule une mesure contraignante comme la décision qui touche directement leurs intérêts économiques autour du pétrole et du pipeline, peut les amener à savoir nous respecter, peut les amener à la raison. Nous les respectons, mais, il faut qu’ils nous respectent également. Les Démocrates montrent déjà que s’il leur arrivait de prendre le pouvoir, il vont sacrifier l’intérêt du pays. Ils ne seront pas capables de faire respecter notre pays, la souveraineté de notre pays, l’autorité de notre pays, la souveraineté de l’État. Ça les disqualifie de l’exercice du pouvoir d’État. Le peuple électeur en prend grandement acte. Ils seront surpris par le retour de l’ascenseur du peuple dont ils se rendent complices du piétinement de son honneur et de sa dignité… »
Transcription : Brieux Noureni ©BÉNIN MÉDIAS