Complicité entre trafiquants et douaniers
Au moment où le gouvernement de Patrice Talon clame sa volonté de lutter contre la vente de l’essence frelatée, de nombreuses pratiques exécutées en coulisses par les services de l’administration douanière laissent penser que le discours officiel d’assainissement de l’univers des produits pétroliers n’est que du saupoudrage. On est tenté de croire que les agents de douane béninoise bénissent le commerce de l’essence de contrebande qui constitue un énorme manque à gagner pour le Trésor public. Le président Patrice Talon se trouve donc interpellé pour que cette pratique malsaine soit maitrisée et leurs auteurs châtiés.
L’essence kpayo légalisée
Les services douaniers perçoivent régulièrement des taxes auprès des grossistes impliqués dans le trafic de l’essence de contrebande. Si par le passé, cela se faisait de manière déguisée, car les pouvoirs publics étaient en croisade contre ce commerce, il faut dire que maintenant les douaniers ne se cachent plus pour prendre de l’argent qu’ils qualifient de taxe sur le kpâyo.
Le deal entre les grossistes et l’administration douanière est consommé, et les deux parties ont en toute connivence institué un mécanisme assez intelligent.
Ainsi donc, les grossistes reçoivent régulièrement la visite des agents qui ont établi des grilles de perception de ce qu’il convient d’appeler la taxe sur l’essence kpayô. A écouter les grossistes, ils se vantent d’être désormais des légalistes et reconnus par l’autorité publique en se référant aux douaniers. Les vendeurs de l’essence frelatée ont repris confiance, car ils verseraient de l’argent au pouvoir public.
De là, une question s’élève afin de permettre de savoir si cet argent collecté contribue à l’effort national.
Est-ce que les recettes opérées auprès des grossistes du Kpayô sont budgétisées ? A qui profite le crime ?
Loin d’insinuer des accusations contre l’administration douanière, c’est un appel qui est lancé à l’endroit du président Patrice Talon qui se veut grand réformateur, et un chantre de la lutte contre la corruption.
Dans tout ce cirque, ce sont les sociétés légalement installées et qui paient les impôts qui sont lésés. Quel sort leur réserve-t-on ?
Boniface Akpolou/Journal Nasiara