Au Sénégal , le président Macky Sall ne briguera pas un troisième mandat à l’occasion de la présidentielle de 2024. L’homme après plusieurs mois de tergiversations, a fait l’annonce ce lundi 03 juillet sur la télévision nationale à la faveur d’un message à la nation .
Fin de suspense au Sénégal ! Au pouvoir depuis plus de 11 ans, le président Macky Sall qui bouclera un second mandat l’année prochaine, ne tentera pas de briguer un troisième, comme l’accuse ses détracteurs qui pensent qu’il compte bien profiter des règles de la nouvelle constitution qu’il a fait adopter en 2016. Après avoir entretenu le flou depuis plusieurs mois sur ses intentions, le président sénégalais s’est finalement décidé en annonçant ce lundi 03 juillet qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle de février 2014. C’est à travers un message à la nation qu’il a livré dans un contexte de crise sociopolitique marquée par de récentes émeutes meurtrières (16 morts), déclenchées à la suite de la condamnation à deux ans de prison ferme de Ousmane Sonko, opposant principal au régime pour une affaire de mœurs.
« Mes cher(e)s compatriotes, ma décision longuement et mûrement réfléchie est de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024 », a annoncé le présidence sénégalais qui parle de « code d’honneur », même si l’actuelle constitution lui donne le droit.
« Je sais que cette décision surprendra tous celles et ceux dont je connais l’admiration, ceux et celles qui souhaitent me voir guider la construction du Sénégal, mais le Sénégal dépasse ma personne, et il est rempli de leaders capables de pousser le pays vers l’émergence », a expliqué Macky Sall.
Macky Sall se libère finalement du fantôme du 3ème mandat
Dans le flou entretenu depuis des mois à propos de son départ ou non du pouvoir en 2014, plusieurs observateurs de la vie politique sénégalaise s’étaient posés la question de savoir si le président Macky Sall allait se laisser prendre par le piège du 3ème.mandat qu’il avait lui-même combattu en 2012. En effet, pour accéder en 2012 au pouvoir, Macky Sall avait du affronter son ancien mentor, le président Abdoulaye Wade qui aiguisait en son temps, l’appétit d’un 3ème mandat. Après avoir rompu les amarres avec le parti au pouvoir, l’ancien premier ministre (2004-2007) va créer son propre parti , l’Alliance Pour la République (APR) avec lequel il combattra la candidature du président Abdoulaye Wade qu’il avait jugée anticonstitutionnelle. Cette bataille gagnée, Macky Sall dont la cote de popularité était montée d’un cran, a réussi à fédérer toute l’opposition à sa cause pour une candidature à la présidentielle dont l’issue sera une victoire retentissante, 65,80% des voix. Mais celui-là même qui avait suscité l’espoir par sa vision axée sur la justice sociale, les réformes structurelles et les projets de développement, va tomber au fil des années en disgrâce avec son peuple avec une gouvernance autoritaire marquée par la violation des libertés publiques, même s’il faut reconnaître que le pays a connu d’énormes avancées de développement avec notamment, une économie en nette progression ces dernières années ( Le Pib est passé de 17 à 27 milliards ces 10 dernières années).
En dépit de l’article 27 de la constitution qui souligne que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs » dont « la durée est de cinq ans », les partisans de Macky Sall estiment que leur leader n’a fait qu’un seul quinquennat et qu’il est bien en droit de se présenter pour un troisième mandat.
Il faut rappeler que deux jours déjà avant sa déclaration solennelle, alors que tout le pays était suspendu à ses lèvres, le président Macky Sall a reçu le soutien de 475 maires et 37 présidents de conseil départemental, qui signataires d’une pétition, l’ont appelé à une nouvelle candidature. A défaut de répondre à leur souhait, Macky Sall dans son message à la nation ce lundi 03 juillet, leur a exprimé sa gratitude .
L’homme a reconnu que même s’il tenait à respecter sa promesse de se limiter qu’à deux mandats, la possibilité pour lui d’etre candidat à la présidentielle de 2014 a entretenu beaucoup de spéculations.
« Je n’ai jamais voulu être l’otage de cette injonction permanente à parler avant l’heure, car mes priorités portaient à engager l’action vers l’émergence », a fait savoir Macky Sall avant d’ajouter :
« Le mandat de 2019 était mon second et dernier mandat. C’est cela que j’avais dit, et c’est cela que j’affirme ce soir. »
Brieux Noureni