La Task citoyenne de la CEDEAO pour la gouvernance, la médiation, la démocratie et la paix a réagi face à la situation d’exclusion de l’opposition des prochaines élections législatives au Bénin. Gustave Assah, de la Task citoyenne de la CEDEAO a notamment attiré l’attention du Président Talon sur les risques d’une implosion sociale.
Déclaration de la Task citoyenne de la CEDEAO pour la gouvernance, la médiation, la démocratie et la paix
Dans le souci de contribuer à maintenir dans notre pays, un climat de paix et de quiétude au plan social, le président de la Task citoyenne de la CEDEAO pour la gouvernance, la médiation, la démocratie et la paix que je suis, avait entrepris depuis plusieurs mois, d’attirer l’attention de toutes les sensibilités socio-politiques de notre pays, sur l’impérieuse nécessité de tout mettre en œuvre, afin d’épargner à notre pays tout acte à relent conflitogène, susceptible de provoquer une situation de trouble et de conflagration générale dans notre pays.
J’ai aussi particulièrement fait le plaidoyer en direction du Chef de l’Etat, son Excellence le Président Patrice Talon pour qu’en tant que Premier citoyen de ce pays, il joue à la carte de l’apaisement, en ouvrant le boulevard à un processus de dialogue et de réconciliation nationale, devant aboutir au retour au bercail de tous les exilés politiques, sans oublier son implication personnelle dans le processus électoral actuellement en cours dans notre pays, pour un scrutin inclusif, emportant une large adhésion de tous les acteurs de la classe politique.
Mais depuis, je me rends compte d’avoir l’impression de prêcher dans le désert et que les vieux démons de la violence tapis dans l’ombre, sont en train de pousser les bouchées trop loin pour que le pire se produise dans le pays. Je n’en veux pour preuve que la toute dernière décision du Ministère de l’intérieur et de la sécurité publique, qui par un acte d’une portée hautement explosive, refuse de délivrer le certificat de conformité aux plus grands partis politiques de l’opposition, les privant de leur droit à participer à la compétition électorale entrant dans le cadre des législatives de 28 Avril prochain.
De mémoire de Béninois que je suis, c’est l’une des toutes premières fois depuis l’historique Conférence des Forces Vives de la Nation de février 1990, qu’un tel acte éminemment anti démocratique vient mettre tout notre peuple dans un profond émoi. Depuis hier où, une telle décision a été portée sur la place publique, on a pu observer le sentiment de révolte, d’indignation et de grande colère dans les états-majors de tous les partis politiques concernés et surtout, de la levée de boucliers au front social pour dénoncer une telle tentative d’exclusion d’une bonne frange des populations béninoises de cette compétition. Ce qui vient justement en rajouter à tous les autres points d’inquiétude, contenus dans le code électoral lui-même, tel le flou entourant l’article 242 en dépit de la gymnastique intellectuelle de la CENA pour en donner sa lecture, sans véritablement rassurer les acteurs politiques, les tribulations auxquelles sont soumis les potentiels candidats à l’élection du 28 avril pour la délivrance de leur quitus fiscal, sans oublier le mystère dont le Cos-Lépi a entouré l’enrôlement des nouveaux majeurs, et la demande de duplicata pour les électeurs ayant perdu leur carte d’électeur, puis la fameuse décision de la Cour Constitutionnelle qui impose l’exigence de ce fameux certificat de conformité, qui du reste est non prévu par le code électoral.
Déjà, les différentes déclarations incendiaires de la coalition de tous les partis de l’opposition suite à la notification de cette décision du ministère de l’intérieur et surtout, la vague de sentiment de profonde indignation qui s’est emparé de l’ensemble de nos concitoyens, dénote de ce que nous sommes au bord d’une implosion sociale sans lendemain, si rien n’est fait de manière pressante par le gouvernement béninois pour ramener la balle à terre et surseoir à cette volonté manifeste de mettre hors compétition, les principaux opposants à la gouvernance du Président Talon.
Pour beaucoup de nos compatriotes, cet acte de plus, est perçu comme une grave provocation, un comportement assimilable à un harcèlement politique infligé aux opposants, et qui risque de mettre tous les fondamentaux de notre jeune processus démocratique en lambeaux, et par ricochet, nous retourner à plusieurs années en arrière. Les conséquences seront certainement dommageables pour l’ensemble de notre pays, pourtant perçu comme l’un des exemples de réussite du vent du Renouveau démocratique en cours dans la plupart des pays africains, au cours de ces 30 dernières années.
En cette précieuse semaine de la célébration des 29ans de la Conférence Nationale des Forces Vives de février 1990, la Task citoyenne de la CEDEAO pour la gouvernance, la médiation, la démocratie et la paix que je dirige, passe par cette voix pour dire au Président Patrice Talon, qu’il a l’historique devoir d’éviter à ce peuple, ce vaste complot qui se prépare contre lui, en évitant les géants endormis de la violence et de l’injustice, de refaire surface et de fouler aux pieds, les lourds sacrifices consentis par notre pays pour être au niveau où il est aujourd’hui.
Je suis déjà un peu apaisé face à la perspective d’une ouverture politique qui déboucherait sur une rencontre entre le Président de la République et l’opposition béninoise le 25 février prochain. Vivement que cela soit effectif pour déboucher sur une décrispation du climat socio-politique et à un compromis politique sur la mise à plat de tous les points d’inquiétude, aux fins de remettre tous les Béninois en confiance. Il en va du salut de tout le peuple béninois.
Au point où nous sommes parvenus, l’amour doit triompher de la haine, la raison sur la démence et l’humanisme sur la barbarie.
Vive la La Task citoyenne de la CEDEAO !
Vive la démocratie béninoise !
Vive le Bénin !