Au lendemain de la confirmation de son élection par le Conseil Constitutionnel, le président élu de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara se dit << favorable à un dialogue sincère et inclusif avec l’opposition >>. Une politique d’ouverture à laquelle le Conseil National de Transition oppose déjà une fin de non recevoir.
Réélu pour un troisième mandat contesté par la majorité de la classe politique ivoirienne, ADO pourrait retirer sa main tendue qui, visiblement n’aura pas de répondants. Pendant que l’ex-président, Henri Konan Bédié reste toujours bloqué à son domicile par les forces de l’ordre et que le porte-parole du Conseil National de Transition Pascal, Affi N’Guessan et plusieurs autres leaders sont aux arrêts, Ouattara annonce un dialogue dont lui seul maîtrise les conditions de sa faisabilité. Selon l’avis de nombreux observateurs, la Côte d’Ivoire se dirige progressivement vers le retour des vieux démons.
Les violences pré-électorales dues à l’exclusion de certaines candidatures annoncées et les mouvements d’humeur observés lors du processus électoral étaient des signes annonciateurs de la fragilisation de la paix et la stabilité politique dans le pays. Le boycott des élections présidentielles par l’opposition complique davantage les choses et envenime le climat politique ivoirien. Joutes oratoires, récriminations, intimidations, représailles, etc, Le pouvoir Ouattara n’a pas manqué de qualifier ces actes de « sédition ». Il enclenche alors la traque des principaux leaders du Conseil National de Transition.
Après le déploiement d’importants dispositifs sécuritaires à leurs domiciles notamment, Henri Konan Bédié, président de la transition proclamée et Pascal Affi N’Guessan, porte-parole de cette transition, s’en suit l’ouverture d’une enquête judiciaire. Cette enquête qui vise les principaux acteurs de l’opposition ayant appelé à la désobéissance civile et participé à la mise en place du CNT, a pour objet selon le procureur d’Abidjan, « complot contre l’autorité de l’État », mouvement insurrectionnel », assassinat et « actes de terrorisme ». Une enquête judiciaire qui a déjà aboutit à l’arrestation du porte-parole du CNT, Pascal Affi N’Guessan dans la nuit du vendredi au samedi 7 novembre 2020. Quant au président du CNT, l’ex-chef de l’Etat Henri Konan Bédié, sa liberté a été réduite.
L’impressionnant dispositif sécuritaire déployé chez lui pour « mettre fin aux troubles à l’ordre public » selon le procureur, limite ses moyens d’action. C’est dans ce climat délétère que le nouveau président ivoirien entend convoquer un dialogue. Face aux ambassadeurs de la Cédéao venus le voir, le président Bédié a été formel. Le président du CNT n’a pas été du tout tendre. » Mais, Ouattara est déjà sorti du cadre constitutionnel et vous nous demandez d’aller négocier avec lui, dans un cadre constitutionnel qui n’existe même plus. Allez-y lui dire que le peuple de Côte d’Ivoire, dans son immense majorité, ne reconnaît pas le pseudo scrutin qu’il a organisé et ne le reconnait non plus comme président de la République de Côte d’Ivoire. »
Alain Noukoué