Jamais par le passé, les relations bilatérales entre le Bénin et le Rwanda n’ont été si fortes. Les deux pays nourrissent aujourd’hui des partenariats assez féconds dans plusieurs domaines, sauf dans celui de la promotion de la démocratie.
C’est une proximité qui n’a rien à voir avec le passé politique des deux nations. Et d’ailleurs, on pourrait le remarquer lors du communiqué final qui a sanctionné la dernière visite de travail et d’amitié de deux jours du président rwandais, Paul Kagamé. Reçu par son homologue béninois, Patrice Talon, les deux chefs d’État ont renforcé la franche collaboration entre le Bénin et le Rwanda dans les domaines de l’économie, la recherche, la sécurité et la défense. Cette coopération sud/sud que les deux dirigeants se veulent davantage fructueuse par des facilités juridico-diplomatiques, notamment la non-imposition, la non-double imposition dans les domaines de l’agriculture, le numérique, la gouvernance locale, le développement durable, la coopération commerciale industrielle et militaire, le tourisme et la promotion des investissements. Autant d’accords et d’engagements qui visent à asseoir une plateforme de développement partagée basée sur le partage d’expériences, de compétences et de savoir-faire. Normal ! Mais les deux peuples ont également soif de la démocratie. La question semble ne pas préoccuper les deux présidents qui, dans leurs postures réformiste, ont classé la gestion démocratique au dernier rang des relations bilatérales. Fait logique, quand on sait que dans ce domaine précis, l’histoire politique des deux pays ne laisse aucune possibilité d’aborder un sujet qui a diverses souches.
Si au Bénin depuis 2016, l’opposition politique à Patrice Talon n’a jamais eu de marge de manœuvre et n’a attendu que les législatives dernières pour faire son retour au Parlement, resté jusque-là monocolore et à la solde du pouvoir, il faut souligner qu’au Rwanda, la démocratie est mise sous tutelle par un régime aux dérives autoritaires mené par Paul Kagamé au pouvoir depuis 2000 et certainement qu’il y restera jusqu’en 2034 grâce à une réforme constitutionnelle taillée sur mesure en 2015. Normal donc que le Bénin et le Rwanda au regard de tous ces réalités politiques qui restent leurs quotidiens, puissent dans leur cadre de coopération, mettre en veilleuse, les questions d’ordre démocratique.
Magloire Fiogbé