La musique béninoise pleure une légende! Stan Tohon Ibitoch, roi du « tchink system » a tiré sa révérence. La légende est décédée ce mardi 26 février à Paris des suites d’une maladie pour laquelle il était hospitalisé. L’Information qui a circulé sur les réseaux sociaux ce jeudi, a été confirmée par les proches de l’artiste. Une grande perte pour le monde de la culture au Bénin quand on sait l’homme a contribué à hisser depuis les années 70 à l’échelle du monde, la musique béninoise à travers son célèbre rythme « Tchink System » issu du « tchinkounmey », une musique sacrée du Centre du Bénin » souvent jouée lors des décès.
Musicien, auteur, compositeur et interprète, Stan Tohon, de son vrai nom Roger Stanislas Tohon, qui s’est révélé au public très jeune, a une riche discographie à son actif. 27 albums au total. Stan Tohon qui a effet commencé avec la musique traditionnelle « tchinkounmey », a été déniché à 9 ans alors qu’il était encore élève, par l’autre grand nom de la musique béninoise, le feu Gnonnas Pedro qu’il suivait dans des prestations à travers l’Afrique.
La future star va faire éclore son talent d’artiste à travers les interprétations de James Brown ou Otis Redding. Mais à partir de 1978, il décide de se donner une identité culturelle. L’homme retourne alors à son premier amour, le rythme « tchinkounmey » qu’il va cette fois si moderniser en réussissant une orchestration avec les instruments occidentaux : Le tchink system est né.
A 12 ans, Stan Tohon sort « Yalo », son premier 45 tours enregistré par Satel. Une chanson qui va le relever au public mais qui sera censurée par le gouvernement de l’époque puisque devenue gênant, elle décrivait, la misère ambiante que vivaient les populations. Membre du « Mouvement des prolétaires de tous les pays », Stan Tohon va s’exiler vers le Togo où il s’est fait aussi connu.
Après la sortie de « Yalo » qui a eu un grand succès et qui l’a relevé au monde du show bizz, le roi du Think System sort au Ghana, à Koumassi son premier album dénommé « Okou » qui il faut le signaler, n’a pas connu un grand succès. Stan Tohon va rebondir avec le deuxième « Ahwamatchizo » sorti en Côte-d’Ivoire et par lequel le monde entier découvre la musique tchink system. L’album qui a connu un grand succès, a été vendu à 500.000 exemplaires
« Disons donc que tout s’est passé comme Dieu l’aurait voulu parce qu’après Yalo, je me suis exilé d’abord au Togo et après le Togo, je suis parti en Côte-d’Ivoire. Alors Dieu a écrit l’histoire et ça se suit », a-t-il déclaré dans une interview accordé au journal local Evénement Précis
Comme autres succés de Stan Tohon, il faut noter l’album du triomphe et de la consécration, « Zémidjan » sorti en 1991 pour rendre hommage au Taxi-moto de Cotonou,
En 2001, l’album « Votété kô vo »
En 2003, le roi du Tchink System après une longue maladie, revient plus en forme que jamais sur la scène musicale avec l’album baptisé «Résurrection». Un album qui offre de nouvelles sonorités comme les riffs de guitare à la Santana et le sax de Manu Dibango et également marqué par le rap et le raggamuffin.
En 2004, Tohon Stan lance son 27ème album, « Non à la violence » qui dénonce les violences au Bénin et en Afrique.
Depuis lors, la carrière roi du Tchink System va s’éteindre à petit coup même s’il fait quelques incursions sur la scène musicale avec des singles comme » ça va aller »; » Balle à terre »; » Manou »; ou encore « A quand la fin des réformes »
Stan Tohon dans Okou
Par le festival ’’Tchink system’’, qu’il organise depuis plusieurs années, Stan Tohon a eu le temps de préparer sa relève. Il a même désigné récemment lors de l’édition 2018 du festival, l’artiste Prince Guédéssi comme son digne héritier.
Enlevé par la mort à la famille des artistes ce mardi 26 février à Paris où il s’est retranché depuis l’avènement du régime de la Rupture, Stan Tohon n’a pas attendu pour avoir la réponse à sa lettre adressée au président de la République Patrice Talon pour dénoncer la gestion qui est faite du secteur de la culture.
Brieux NOURENI