C’est rare de le voir dans cet état. Il n’a jamais adopté une position revencharde. Mais les circonstances l’ont contraint. Joël AÏVO, candidat à l’élection présidentielle est aujourd’hui dans le viseur du régime en place. Un régime décidé à lui faire toutes les misères du monde. Le dialogue itinérant entamé pour informer et sensibiliser l’opinion publique sur la nécessité de travailler à la consolidation des acquis démocratiques rencontre une résistance farouche de la part des pouvoirs publics. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le démocrate Joël AÏVO n’a pas caché son amertume suite à l’incident intervenu dans le 5eme arrondissement à Porto-Novo le samedi dernier où la rencontre d’échanges avec les populations de cette localité du Bénin a été empêchée par l’irruption des forces de l’ordre sur les lieux.
Se déclarer aujourd’hui opposant au Bénin est un péché qui nécessite des supplices. Le professeur Joël AÏVO semble en fait les frais. Lui qui s’est porté volontiers, d’engager une campagne de restauration des acquis démocratiques. Attendu chez lui à Porto-Novo, le samedi dernier, le professeur FJA a vécu les tristes réalités des déboires démocratiques. Alors que tout était mis en place pour entretenir les populations sur des sujets d’intérêt national, c’est avec grande surprise que la police a fait irruption sur le site devant abriter la rencontre entre le professeur Frédéric Joël AÏVO et les populations de la ville aux trois noms. Informé, le constitutionnaliste a décidé de braver les obstacles pour se rendre sur place sur le site. * » C’est un acte de bravoure et de courage qui prouve que nous ne devons pas capituler face à l’arbitraire « *, a déclaré le juriste de haut rang pour doper le moral à ses militants et sympathisants.
Ce fut également l’occasion pour Frédéric Joël AÏVO, d’expliquer à la horde des populations enthousiasmées, que : » les policiers missionnés sont des enfants de la République qui ont reçu des ordres des princes au pouvoir, et qu’en aucun cas ils ne devraient pas être traités tout de go comme des ennemis du peuple en résistance « . Il a fait remarquer que le peuple en résistance a besoin de leur pleine collaboration afin de faire renaître le Bénin que nous aimions et sa démocratie jadis enviée de par le monde :
» Un Bénin dans lequel la police véritablement Républicaine ne méconnait pas que les citoyens sont libres de ne pas être d’accord idéologiquement et politiquement avec les princes au pouvoir dans leur conduite des affaires du pays ; un Bénin dans lequel la police ne terrorise pas le peuple à la demande des partis présidentiels. « * Son discours conciliant est empreint de messages de paix et de concorde. Chaque mot est pesé et galvanisé à bloc l’immense foule présente. Avant de quitter les lieux, le Professeur a remonté le moral à la jeunesse de Porto-Novo venue en grand nombre l’écouter.
Intégralité de la déclaration du Pr Joël AÏVO
« Je me suis levé ce (samedi) matin en tant que citoyen pour aller à Porto-Novo, afin aller échanger avec nos compatriotes. Je suis allé à Djougou en tant béninois. Je suis allé a Savè, je suis allé à Ouidah je suis allé partout. A Dogbo, à Toviklin pour parler avec les béninois, les mains nues. Je n’ai pas de fusil, je n’ai pas de coupe-coupe, je ne suis pas a la tête d’un groupe armé. Je veux dire simplement au gouvernement du Bénin ce que nous sommes nombreux à ressentir. Chers frères et sœurs, je me suis donc levé ce matin pour aller dire la même chose à Porto-Novo dans la capitale du Bénin ou le président de la république a prêté serment sur une constitution démocratique.
Mais depuis quelques mois, lorsqu’on sort c’est la police. J’ai dû demander à un ami commissaire : mais je n’ai pas fait la demande de policiers, je n’ai pas demandé au ministère de l’intérieur de me donner des policiers, je ne me sens pas en insécurité, mais pourquoi partout où on sort on a des policiers. On est allé à Kétou, à partir de Takon tous les 15 kilomètres il y a deux policiers qui nous suivent, on est allé chez le Roi, les policiers sont là. On va dans le Couffo, les policiers sont là, à Djakotomey les policiers sont là, on va à Comè il y a les policiers, on va Lokossa les policiers sont même rentrés dans la salle. C’est de plus en plus tendu.
Nous sommes quadrillés, nous sommes suivis, traqués par la police. Pour quelle raison ? Nous parlons démocratie et moi je suis convaincu d’une chose : c’est dans la démocratie que se trouve la solution. Nous, nous croyons à la démocratie. Tout a été détruit, tout. Mais il reste un petit espace dans la démocratie et nous avons juré que nous exploiterons ce petit espace pour faire régénérer la démocratie. C’est ça que nous faisons mes chers parents.
Mais nous allons à Porto-Novo, manifestation interdite. La police nous empêche de tenir notre rassemblement en respectant toutes les mesures barrières. Tous ceux qui étaient là avaient leur cache-nez. Nous avons prévu des gels hydroalcooliques comme nous faisons dans tous nos rassemblements. Et pourtant, la police vient me demander si j’ai demandé l’autorisation et je dis mais mon commissaire, je n’ai aucune obligation légale de demander une autorisation pour tenir une réunion privée !
Cela fait 30 ans que nous faisons la démocratie dans ce pays, et le Bénin d’aujourd’hui, c’est l’ancien Dahomey. Je n’ai pas besoin de demander d’autorisation. Il me dit mais est-ce que vous avez informé les autorités et je lui ai répondu ‘’ je n’ai pas l’obligation d’informer, je suis un juriste, je connais la loi de mon pays, je n’ai aucune obligation légale de demander une autorisation ou d’informer le maire parce-que c’est une réunion privée dans un espace privé. Mais nous avons été empêchés de le faire.
Mais je voudrais dire avec le plus grand respect au Président de la république, je voudrais interpeller ceux qui ont aujourd’hui la charge de notre pays : le Bénin n’a pas 05 ans, le Bénin n’a pas été inventé il y a 05 ans. Notre pays existe depuis très longtemps, il est devenu une république en 1958. Je voudrais dire au Président de la République, au Président de l’Assemblée Nationale, au président de la Cour Constitutionnelle et à celui de la CENA ; je veux leur dire avec le plus grand respect que le pays qu’ils ont aujourd’hui en main est un vieux pays. Avant eux, les gens ont exercé les mêmes responsabilités et ont veillé à ce que notre pays reste un pays de paix, et de liberté.
Aujourd’hui qu’ils ont à charge ce pays par notre volonté, qu’ils pensent à transmettre le même pays aux générations qui arrivent et peut-être même à leurs enfants ; qu’ils pensent à transmettre un pays de paix, un pays de sécurité, un pays de démocratie. La voie qu’ils ont prise ne mène que dans le mur. La voie qui a été choisie ne mène que dans le mur. Le bénin est un pays de démocratie. Quel pays laisseront-ils aux générations à venir, et quel pays ils laisseront à leurs propres enfants. Ils ont hérité d’un pays pacifique, un pays démocratique, un pays de liberté, un pays de cohésion. Il faut qu’ils songent à laisser ce même pays à ceux qui leur succéderont qu’ils le veuillent ou non dans six mois. Il faut qu’ils le sachent.
Et chers frères et sœurs, chers parents, c’est pour cette raison que comme je vous ai dit, moi je sais que quelles soient les turbulences, la démocratie triomphera, quelle soit la peur, quelques soient les menaces, quelques soient les intimidations, quel que soit l’arbitraire. »